La situation de guerre en RDC : Négocier avec le Rwanda, c'est comme négocier avec le voleur dans sa propre maison
Depuis plusieurs
décennies, la République démocratique du Congo (RDC) vit une tragédie continue
dans l’Est de son territoire. Meurtres, pillages, viols de masse, déplacements
forcés : ces horreurs trouvent leur origine dans une agression systématique, largement
documentée, que de nombreux rapports internationaux attribuent directement ou
indirectement au Rwanda.
Pourtant, aujourd’hui encore, certains appellent à des négociations avec
Kigali.
Or, une évidence s’impose : la RDC n’a rien à négocier avec son agresseur.
Négocier sous la menace : une parodie de paix
La situation actuelle en
RDC est comparable à celle d'un propriétaire attaqué par des bandits qui, après
avoir envahi sa maison, lui proposent de "négocier" sous la menace
des armes le partage de ses biens. C'est une logique perverse, indigne d'un
État souverain.
Le simple fait d'accepter
de discuter avec un agresseur valide ses prétentions, efface partiellement sa
culpabilité et ouvre la voie à de futures agressions.
Les négociations proposées ne sont pas un chemin vers la paix. Ce sont des pièges
cyniques, destinés à légitimer le statu quo imposé par la violence :
occupation de territoires stratégiques, pillage des ressources minières, et
transformation de l'Est congolais en une zone de non-droit.
Le Rwanda : acteur principal, non intermédiaire
Certains essaient encore
de présenter ce conflit comme une guerre interne entre la RDC et des
"rebelles congolais", notamment le M23.
C'est une manipulation évidente. Depuis 2012, les Nations Unies ont documenté
que le M23 est une création du Rwanda, armée, financée et dirigée par
Kigali.
Que ce soit à travers ses
soldats réguliers ou ses milices interposées, le Rwanda reste le cerveau et
le bras armé de l'instabilité dans l'Est du Congo.
Face à ce constat, négocier avec le Rwanda ou avec ses représentants revient
strictement au même : on négocie avec son bourreau.
La souveraineté n'est pas négociable
Le problème est limpide :
un pays souverain ne négocie pas l'intégrité de son territoire.
La RDC est un État
indépendant, reconnu dans ses frontières actuelles par toutes les instances
internationales. Elle n'a pas agressé ses voisins. Elle ne fait qu'exister — ce
qui est devenu insupportable pour ceux qui convoitent ses richesses.
Accepter une négociation
dans ces conditions serait trahir la Constitution congolaise, violer les
principes du droit international, et ouvrir la porte à une fragmentation
progressive du territoire national.
La souveraineté n'est pas
une marchandise. Elle est absolue, non négociable, sacrée.
Les conséquences d'une capitulation diplomatique
Certains avancent que
"la paix n'a pas de prix". Mais la paix sans justice est un mirage,
une pause temporaire avant de nouveaux massacres.
Accepter aujourd’hui de
discuter avec le Rwanda reviendrait à :
- Récompenser
l'agression armée.
- Envoyer un signal catastrophique aux autres
puissances régionales.
- Briser l’espoir des Congolais qui
attendent, depuis des décennies, un État capable de les défendre.
Sur le long terme, une
telle capitulation serait mortelle pour l’unité du pays, renforçant les
frustrations régionales et préparant des revendications séparatistes légitimes.
Négocier pour mourir : Comment le Rwanda utilise la diplomatie pour
prolonger la guerre
Depuis bientôt trois
décennies, le Rwanda a compris que la diplomatie pouvait être une arme aussi
efficace que les armes à feu.
Chaque sommet, chaque
réunion, chaque "déclaration de principe" est utilisé non pour
résoudre le conflit, mais pour gagner du temps, tromper l’opinion
internationale, épuiser la RDC diplomatiquement, et piller
davantage les ressources.
Pendant que Kinshasa
organise des conférences sans effet, les forces du M23, appuyées par Kigali,
renforcent leur emprise sur des territoires stratégiques, exploitent les mines,
et organisent la contrebande de minerais précieux.
Historique : Les manipulations diplomatiques depuis 1996
Le Rwanda a
systématiquement utilisé la diplomatie pour camoufler ses ambitions réelles :
- 1996 : Sous prétexte de "sécuriser ses frontières", Kigali
soutient l'AFDL pour renverser Mobutu.
- 1998-2003 : Durant la Deuxième Guerre du Congo, Kigali signe plusieurs
accords de paix tout en consolidant son contrôle sur les zones minières
stratégiques.
- 2009 : La "coopération militaire" entre Kinshasa et Kigali
contre le FDLR sert principalement à relancer le pillage des ressources.
- Depuis 2012 : Malgré les Accords d'Addis-Abeba et les processus de Nairobi,
les incursions du M23 se poursuivent avec la complicité du Rwanda.
À chaque cycle, le schéma
est le même : le Rwanda gagne du temps, pille des ressources, puis relance la
guerre sous une autre forme.
Le comble : la RDC suit docilement les directions imposées par Kigali
Plus grave encore, la RDC
suit passivement les démarches imposées par Kigali. Elle participe à des
négociations biaisées — Nairobi, Luanda, Doha, Washington — sans exiger de
véritables garanties.
La signature récente de
la Déclaration de Principes à Washington en est un exemple criant. Lors
de cet événement, le ministre rwandais des Affaires étrangères a cyniquement
déclaré qu'"il n'y a pas de solutions rapides ni de raccourcis"
pour résoudre la crise entre la RDC et le Rwanda, un message immédiatement
relayé par Yolande Makolo, porte-parole du gouvernement rwandais.
Le but est clair : faire
durer le conflit aussi longtemps que nécessaire pour continuer le pillage,
pendant que la RDC s'épuise dans des négociations stériles.
Le pillage systématique des ressources naturelles
Entre 1998 et
aujourd'hui, plus de 27 milliards de dollars de ressources minières
auraient été pillés depuis la RDC par des réseaux liés au Rwanda.
Les principales
ressources extraites illégalement :
- Coltan (la RDC représente plus de 50 % du marché mondial).
- Cobalt, essentiel pour les batteries modernes.
- Or, souvent blanchi via l'Ouganda et d'autres pays voisins.
Le pillage ne profite pas
seulement à l'enrichissement de Kigali : il sert aussi à financer de nouvelles
campagnes de guerre.
Le coût humain : une tragédie de masse
Le conflit a causé :
- Plus de 6 millions de morts depuis 1996.
- 5,6 millions de déplacés internes en 2024.
- Des centaines de milliers de femmes et
d’enfants victimes de violences sexuelles utilisées comme armes de guerre.
La guerre que subit la
RDC n’est pas seulement économique. C’est une guerre contre son peuple, son
avenir et son existence même.
Pourquoi cette stratégie fonctionne-t-elle ?
Le Rwanda exploite
plusieurs faiblesses de la RDC :
- La peur de la confrontation directe.
- La recherche illusoire de reconnaissance
internationale.
- Le manque d'unité politique interne.
- La faiblesse des FARDC, incapables de sécuriser efficacement le
territoire.
Résultat : Kigali impose
son rythme, sa narration, ses objectifs, pendant que Kinshasa perd du terrain
et de la crédibilité.
Ce que la RDC doit faire : rompre avec la naïveté diplomatique
Il est urgent que la RDC
rompe ce cycle suicidaire de "dialogues" imposés sous la contrainte.
La RDC doit :
- Refuser toute négociation sans retrait
militaire préalable.
- Dénoncer publiquement et systématiquement
le Rwanda comme agresseur.
- Investir massivement dans la reconstruction
d'une armée nationale forte et disciplinée.
- Bâtir des alliances diplomatiques et médiatiques.
- Exiger des sanctions économiques et
diplomatiques contre les
dirigeants rwandais responsables de la déstabilisation.
Le Congo doit montrer
qu’il est prêt à défendre son honneur et sa souveraineté, même seul s’il le
faut.
Conclusion : Le Congo ne doit pas négocier sa propre disparition
Chaque accord inutile,
chaque réunion stérile rapproche la RDC de son démembrement.
Chaque jour de retard est une victoire pour l'agresseur.
Un pays ne négocie pas sa
souveraineté.
Un peuple ne négocie pas son existence.
Le Congo n’a pas à
négocier : il a à vaincre, à se libérer, et à assurer son avenir.
Il doit se tenir debout, dans la dignité, pour honorer ses martyrs, protéger
ses enfants, et bâtir enfin une paix réelle, fondée sur la justice.
Ecrit Par : African Rights Alliance