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Thursday, 21 August 2025

Non au fédéralisme imposé : Défendons l’unité du Congo !

Le piège contre Tshisekedi : fédéralisme imposé, Conférence nationale et le spectre d’Arusha

Depuis 2019, Félix Tshisekedi occupe la magistrature suprême de la République démocratique du Congo (RDC). Sa mission est aussi lourde qu’historique : gouverner un pays immense, doté de ressources colossales mais fragilisé par des décennies de conflits et d’ingérences étrangères. Or, à mesure que son mandat avance, une idée revient avec insistance : instaurer un fédéralisme institutionnel.

Certains le présentent comme la clé d’une meilleure gestion des diversités locales. Mais pour d’autres, c’est un piège soigneusement orchestré, aussi bien par des forces internes que par des puissances extérieures, destiné à affaiblir l’État, marginaliser Tshisekedi et ouvrir la voie à la balkanisation du pays.

Cette stratégie rappelle étrangement le précédent rwandais des années 1990, où le président Juvénal Habyarimana, pris au piège des Accords d’Arusha, conserva son titre mais perdit la substance du pouvoir. Une tragédie qui aboutit à son assassinat et à la victoire du Front patriotique rwandais (FPR).

Le spectre d’un tel scénario plane aujourd’hui sur la RDC.

1. Le précédent rwandais : Arusha, un trône sans sceptre

En 1990, le Rwanda entre en guerre civile suite à l’invasion du FPR depuis l’Ouganda. Sous pressions militaires et diplomatiques, le président Habyarimana accepte de négocier. Les Accords d’Arusha (1993) prévoyaient :

  • La reconnaissance d’Habyarimana comme président de transition.
  • L’intégration du FPR dans l’armée et le gouvernement.
  • Un partage du pouvoir institutionnel.

En apparence, Habyarimana sauvegardait son titre. Mais en réalité, il cédait l’essence du pouvoir : l’armée, les institutions et le contrôle territorial. Pendant que le gouvernement se perdait dans les négociations, le FPR consolidait son implantation, continuait ses infiltrations et préparait sa victoire finale.

Le mécanisme était simple : laisser au président le symbole, mais lui ôter la substance. La suite est connue : l’attentat contre l’avion présidentiel en 1994 marqua sa chute brutale et l’ascension définitive du FPR.

De même, adopter le fédéralisme en RDC ne mettra pas fin aux guerres de l’Est. Comme le FPR hier, le M23 — appuyé par Kigali — poursuivra son agenda jusqu’à obtenir un contrôle total du Kivu.

2. Le spectre du fédéralisme en RDC

Le Congo n’est pas étranger aux tensions séparatistes. Dès 1960, le Katanga et le Sud-Kasaï avaient tenté de faire sécession. Mobutu, conscient du risque de dislocation, imposa un hyper-centralisme autoritaire pour maintenir l’unité.

La Constitution de 2006 a introduit la décentralisation, mais son application reste incomplète, faute de moyens et de volonté politique. Aujourd’hui, certains leaders provinciaux réclament un pas supplémentaire vers le fédéralisme — en particulier dans les régions riches en ressources.

Mais derrière l’argument séduisant de l’autonomie se cache un risque de balkanisation. Dans un pays entouré de voisins hostiles (Rwanda, Ouganda), où les ingérences sont constantes, un fédéralisme mal conçu pourrait vite transformer la RDC en une mosaïque de mini-États, chacun sous la coupe d’intérêts étrangers.

3. Le piège de la Conférence nationale

Un scénario redouté serait la convocation d’une Conférence nationale ou d’un « dialogue inclusif ». Tshisekedi pourrait y être reconnu président légitime, mais à un prix : accepter le fédéralisme.

Le risque est identique à celui d’Arusha : Tshisekedi garderait le titre de président, mais le pouvoir réel basculerait vers les provinces — dont certaines sous occupation ou influence étrangère.

La Conférence nationale, loin d’être un espace démocratique, pourrait alors devenir un marchandage fatal où l’unité nationale se sacrifierait sur l’autel de réformes imposées de l’extérieur.

4. Kagame, le M23 et le fédéralisme comme cheval de Troie

Depuis 2021, le M23 — soutenu par Kigali — occupe des zones entières du Nord-Kivu. Officiellement, ses revendications concernent la protection des Tutsi congolais. En réalité, son but stratégique est clair : garantir au Rwanda un accès direct et durable aux minerais congolais (coltan, or, cassitérite).

Dans ce contexte, le fédéralisme devient une arme politique. Kigali pourrait obtenir que les zones occupées soient transformées en entités fédérées, dotées d’une large autonomie. Ce serait l’étape vers une sécession légalisée et un État satellite contrôlé par Kigali.

Autrement dit, le fédéralisme serait un cheval de Troie juridique : légitimer par le droit ce que le M23 a conquis par les armes.

5. Pourquoi le fédéralisme imposé est un danger mortel

Les risques sont multiples :

1.   Fragmentation territoriale : la RDC se transformerait en confédération de provinces fragiles.

2.   Sécessions facilitées : certaines entités pourraient proclamer l’indépendance avec le soutien d’États voisins.

3.   Institutionnalisation de l’occupation : les zones tenues par le M23 deviendraient autonomes de facto.

4.   Pénétration étrangère accrue : Rwanda, Ouganda et multinationales contrôlant directement les provinces riches en minerais.

5.   Marginalisation présidentielle : Tshisekedi garderait la fonction symbolique, mais perdrait tout pouvoir réel.

6.   Illusion de paix : comme au Rwanda, un compromis institutionnel ne mettrait pas fin à la guerre, il ne ferait que la reporter.

6. Les leçons de l’histoire

Le Rwanda des années 1990 avertit le Congo d’un danger imminent : un président qui accepte une réforme imposée pour conserver son titre prépare sa propre chute et la désintégration de son pays.

Habyarimana a commis cette erreur. Tshisekedi ne doit pas la répéter.

7. Quelle voie pour le Congo ?

Le débat sur le fédéralisme ne doit pas être interdit, mais il doit obéir à trois règles :

1.   Origine interne : il doit venir des Congolais, pas être imposé par Kigali, Kampala ou des bailleurs internationaux.

2.   Paix avant réforme : aucune réorganisation territoriale ne peut être dictée par les armes du M23.

3.   Processus constitutionnel : toute réforme doit suivre les procédures prévues, être débattue nationalement et validée par référendum.

4.   Solutions congolaises : le M23 ou toute force armée ne peut prétendre représenter la nation entière.

Conclusion : Éviter un « Arusha congolais »

L’ombre d’Arusha plane sur Kinshasa. Le piège est clair : offrir à Tshisekedi le fauteuil présidentiel, mais en échange d’un fédéralisme imposé qui viderait la présidence de son pouvoir et livrerait le Congo aux forces extérieures.

Derrière les beaux discours sur l’autonomie, se cache une stratégie cynique : légitimer la balkanisation de la RDC.

L’histoire rwandaise est un miroir. Tshisekedi doit y voir le reflet des risques qui guettent le Congo. L’unité nationale ne peut être sacrifiée au profit de solutions dictées par l’étranger.

Le Congo doit rester vigilant et dire haut et fort :
« Non au fédéralisme imposé. Oui à une unité nationale pensée par les Congolais et pour les Congolais. »

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 Prepared par :

Sam Nkumi, Chris Thomson & Gilberte  Bienvenue

African Rights Alliance


Un accord « historique »… sur le papier

Le 27 juin 2025, la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont signé à Washington un accord présenté comme une percée majeure vers la fin des hostilités. Le texte, rendu public par le Département d’État américain, mettait en avant le respect de l’intégrité territoriale, la fin des soutiens aux groupes armés et la mise en place de mécanismes conjoints, incluant notamment un volet de « dé-risquage » des chaînes d’approvisionnement en minerais et la construction de chaînes de valeur transfrontalières avec l’appui des États-Unis et d’investisseurs privés. Quelques semaines plus tard, Washington annonçait un cadre économique régional pour « déverrouiller le potentiel » de la région des Grands Lacs, présenté comme le prolongement de l’accord.

Sur le plan diplomatique, cette initiative a été saluée comme un « premier pas » susceptible d’ouvrir une fenêtre de désescalade. Toutefois, dès les premiers commentaires, de nombreux analystes insistaient sur les obstacles : une guerre fragmentée impliquant plus d’une centaine de groupes armés — dont les plus puissants sont créés et soutenus par le Rwanda —, une inclusion limitée des acteurs de terrain, et une dépendance excessive vis-à-vis d’incitations économiques encore très théoriques. Plusieurs observateurs congolais ont résumé l’ambivalence de ce processus par une formule frappante : « paix sur le papier, flou sur le terrain ».


Dans les Kivus, la réalité militaire n’a pas changé

Pendant que les plumes signaient à Washington, la situation sur le terrain demeurait inchangée. Des rapports onusiens successifs (Groupe d’experts, Conseil de sécurité, MONUSCO) documentent de manière précise l’implication directe des Forces de défense du Rwanda (RDF) : planification d’opérations, fourniture d’armes sophistiquées, commandement et contrôle opérationnel, et déploiement de plusieurs milliers de soldats en territoire congolais.

En mars 2025, la MONUSCO faisait état d’une « détérioration drastique » de la situation sécuritaire, due à la relance de l’offensive du M23 « soutenue par les RDF », et d’un « renforcement significatif » de forces étrangères dans l’est de la RDC. En juin, le Conseil de sécurité exhortait explicitement les RDF à mettre fin à leur appui au M23 et à « se retirer immédiatement » du territoire congolais. Cette exigence, réitérée dans la dernière résolution, montre que, malgré l’accord de Washington, l’occupation militaire et les appuis extérieurs perduraient.

Autrement dit, l’accord n’a pas modifié l’équilibre des forces. Les réalités militaires — positions tenues, lignes d’approvisionnement, envois de renforts — restent déterminantes, bien plus que les déclarations de principe signées dans les capitales occidentales.


Exactions et crise humanitaire : le M23 continue de tuer

Sur le plan des droits humains, les semaines suivant la signature n’ont apporté aucune amélioration. Au contraire, Human Rights Watch a documenté en juillet 2025 un massacre d’au moins 140 civils près du parc des Virunga, attribué au M23 « soutenu par le Rwanda ». Début juin, l’ONG avait déjà dénoncé l’exécution sommaire d’au moins 21 civils à Goma. Amnesty International, de son côté, soulignait que l’accord ne traitait pas de manière crédible les crimes graves commis dans l’est du pays, tout en rappelant que certaines milices pro-gouvernementales congolaises commettaient elles aussi des atrocités.

Ce constat est essentiel : un accord de paix qui ne se traduit pas rapidement par une réduction tangible des violences contre les civils perd toute légitimité aux yeux des populations. Dans l’est, plus de sept millions de déplacés témoignent de l’ampleur de la crise humanitaire. L’accès humanitaire reste entravé, les pillages de minerais vers le Rwanda se poursuivent, et les témoignages évoquent des cas persistants d’intimidation, d’extorsion et de violences sexuelles.


Administration parallèle : le M23 consolide son emprise

Si la situation demeure inchangée, c’est aussi parce que le M23 ne se comporte pas comme une force en reflux, mais comme une puissance installée. Depuis 2024, et avec davantage d’ampleur en 2025, le Groupe d’experts de l’ONU a documenté la mise en place d’une véritable administration parallèle : recensements forcés, création d’une « police » propre, contrôle des routes, taxation des marchandises, et surtout mainmise sur l’économie minière locale.

Le cas de Rubaya, cœur de la coltanite congolaise, illustre cette réalité : l’ONU et des enquêtes journalistiques ont montré comment la prise de ce site stratégique a permis au M23 d’imposer des taxes substantielles, générant plusieurs centaines de milliers de dollars par mois. En juillet 2025, Reuters révélait un schéma de contrebande impliquant une société rwandaise achetant directement du coltan issu des zones tenues par le M23, alimentant ainsi la machine de guerre. Même lorsque Kigali nie son implication, les volumes d’exportation de tantale déclarés par le Rwanda et les routes commerciales identifiées par les experts indiquent une contamination massive des chaînes d’approvisionnement régionales.

« Renforts » et logistique : une dynamique guerrière intacte

Affirmer que « le Rwanda continue d’envoyer des renforts » en RDC n’est pas un slogan politique, mais un constat factuel. Les rapports onusiens et les notes de la MONUSCO, couvrant la période précédant et suivant la signature, mentionnent régulièrement l’arrivée de renforts, un afflux d’équipements, et la présence persistante d’unités RDF aux côtés du M23. Des rapports confidentiels évoquent même une chaîne de commandement directe rwandaise, la fourniture d’armes sophistiquées capables de neutraliser les moyens aériens, et des effectifs RDF estimés à plusieurs milliers de soldats en territoire congolais.

Tant que ces paramètres militaro-logistiques ne sont pas démantelés, un texte de paix — fût-il détaillé — ne peut produire d’effets concrets. Le Conseil de sécurité a d’ailleurs dû rappeler, fin juin, l’exigence d’un retrait « sans conditions » des RDF. Là encore, cette injonction post-accord illustre l’inefficacité pratique du processus de Washington.

Un accord qui contourne le belligérant clé

Autre limite structurelle : l’accord de Washington a été conclu entre États voisins, mais sans participation formelle du M23, alors même que ce mouvement est le principal acteur militaire dans les zones concernées. Dans ces conditions, exiger de Kinshasa et de Kigali qu’ils « se retirent » ou « cessent leur appui » ne garantit pas que le M23 abandonne ses positions, cesse de taxer ou libère les populations. Les offensives lancées par le M23 après la signature illustrent clairement ce décalage entre diplomatie bilatérale et réalité militaire.

Cette omission est aggravée par un problème de séquençage : l’accord suppose des démarches « simultanées » (retrait rwandais / neutralisation des FDLR par l’armée congolaise). Or, nombre de bastions FDLR se trouvent précisément en zones tenues par le M23, donc hors de portée immédiate des FARDC. La simultanéité devient alors inapplicable sans mécanismes coercitifs et garanties de sécurité robustes.


« Paix » et minerais : les ambiguïtés d’un pari économique

L’accord met au cœur de sa stratégie l’intégration économique régionale, notamment autour des minerais stratégiques (3T et cobalt). L’idée : rendre la paix plus profitable que la guerre en alignant les intérêts commerciaux. Sur le papier, ce pari peut sembler rationnel. En pratique, tant que le M23 contrôle une économie politique de guerre — taxation aux points de passage, prélèvements sur les sites miniers, contrebande structurée via le Rwanda —, l’injection de capitaux et le « dé-risquage » des chaînes de valeur risquent surtout de légitimer des filières déjà capturées par des acteurs armés.

Le paradoxe est clair : si l’on mise sur l’économie pour sécuriser la région, il faut simultanément démanteler l’économie de guerre. Sans désarmement effectif, sans contrôle des corridors et sans traçabilité crédible des flux de minerais, l’économie légale sera siphonnée par des structures parallèles qui, elles, n’ont aucune intention de déposer les armes.

Pourquoi parler d’un « acte cosmétique » ?

Cinq éléments expliquent pourquoi la signature du Rwanda à Washington relève surtout du cosmétique :

  1. Absence d’effet sécuritaire immédiat : après le 27 juin, aucune amélioration mesurable de la protection des civils n’a été constatée ; au contraire, des massacres ont eu lieu en juillet.

  2. Maintien de l’occupation militaire : la présence RDF et le soutien au M23 demeurent avérés, nécessitant une nouvelle résolution du Conseil de sécurité pour rappeler l’exigence de retrait.

  3. Exclusion du M23 : négocier sans inclure le belligérant clé revient à construire un édifice sans fondations.

  4. Économie de guerre intacte : contrôle des sites miniers, taxation des flux, contrebande organisée vers le Rwanda.

  5. Séquençage irréaliste : la simultanéité « retrait RDF / neutralisation FDLR » est impraticable dans les conditions actuelles.

Que faudrait-il pour passer du cosmétique au concret ?

Cinq conditions minimales s’imposent :

  • Un mécanisme de vérification robuste et transparent, incluant la géolocalisation indépendante des troupes RDF et M23, la publication régulière de cartes de position, et des sanctions automatiques en cas de manquement.

  • La neutralisation effective des rentes de guerre, avec un contrôle douanier renforcé, une certification stricte des minerais (3T et or), et des poursuites contre les sociétés impliquées dans la contrebande.

  • L’inclusion encadrée du M23 dans une séquence DDR (désarmement, démobilisation, réintégration), conditionnée à des garanties sécuritaires.

  • La protection immédiate des civils, par la mise en place de zones de sécurité, des patrouilles robustes et un appui accru aux humanitaires.

  • Un calendrier clair de retrait et de restitution de l’autorité de l’État, incluant le retour de l’administration congolaise, la réouverture des services publics et l’assainissement de la gouvernance locale.

À ces conditions doit s’ajouter une mesure désormais incontournable : l’application stricte de la dernière résolution du Conseil de sécurité exigeant le retrait immédiat des RDF, ainsi que l’instauration d’un embargo sur les armes contre le Rwanda. Tant que Kigali disposera de la capacité matérielle de soutenir le M23, les résolutions resteront lettre morte.

Conclusion

La signature de l’accord de Washington par le Rwanda a évité le vide diplomatique, mais elle demeure avant tout un acte cosmétique. Les RDF continuent d’opérer en RDC, le M23 perpétue des exactions et consolide son administration parallèle, tandis que les ressources minières de la RDC alimentent l’économie de guerre.

Cet accord agit davantage comme un parapluie diplomatique pour le Rwanda, lui permettant de donner l’illusion d’une coopération tout en poursuivant son agenda militaire et économique dans l’est du Congo.

La communauté internationale ne peut se contenter d’applaudir ce simulacre. Elle doit veiller à la mise en œuvre stricte de la dernière résolution du Conseil de sécurité, imposer un embargo sur les armes contre Kigali, et garantir des mécanismes de vérification intrusifs.

Autrement dit, seule une combinaison de diplomatie, de sanctions efficaces et de pressions concrètes peut transformer l’acte cosmétique de Washington en un véritable processus de paix durable pour les populations meurtries du Kivu.

Sam Nkumi, Chris Thomson & Gilberte  Bienvenue

African Rights Alliance


Accord de Paix RDC–Rwanda : De la Promesse Diplomatique à la Réalité du Terrain

L’accord de paix du 27 juin 2025 entre la République Démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, signé à Washington, a été salué comme une percée historique. Pourtant, deux mois plus tard, ce texte apparaît davantage comme une mise en scène diplomatique qu’une véritable résolution du conflit. S’il a posé des cadres autour de l’intégrité territoriale et de la coopération économique, les réalités militaires sur le terrain n’ont pas changé : les victimes civiles se multiplient et le groupe rebelle M23 a consolidé son contrôle administratif sur les territoires occupés.

Un accord « historique » sur le papier

Le 27 juin 2025, la RDC et le Rwanda ont signé ce qui fut présenté comme une avancée majeure vers la fin des hostilités dans l’Est congolais. L’accord, rendu public par le Département d’État américain, engageait les deux parties sur l’intégrité territoriale, la fin du soutien aux groupes armés et la mise en place de mécanismes conjoints, notamment la « sécurisation » des chaînes d’approvisionnement en minerais et le développement transfrontalier de chaînes de valeur, en partenariat avec les États-Unis et les investisseurs américains.

Washington annonça ensuite un cadre économique régional pour les Grands Lacs, conçu comme un instrument de mise en œuvre de l’accord. Diplomatiquement, l’initiative fut saluée comme un « premier pas » ouvrant une fenêtre de désescalade.

Cependant, les analystes soulignèrent aussitôt des obstacles majeurs : un conflit fragmenté impliquant plus d’une centaine de groupes armés (dont le plus puissant, le M23, est créé et soutenu par Kigali), une inclusion limitée des acteurs locaux, et une dépendance excessive à des incitations économiques encore théoriques. Comme l’ont résumé certains observateurs congolais : « la paix sur papier, la confusion sur le terrain ».

Réalité militaire inchangée dans les Kivus

Alors que les diplomates signaient à Washington, les cartes militaires restaient figées. Les rapports successifs de l’ONU (Groupe d’experts, séances du Conseil de sécurité, rapports du Secrétaire général sur la MONUSCO) documentent la présence et le soutien direct des Forces de défense du Rwanda (RDF) : planification opérationnelle, fourniture d’armes sophistiquées, commandement et contrôle, ainsi que le déploiement de plusieurs milliers de soldats en territoire congolais.

En mars 2025, la MONUSCO a signalé une « détérioration drastique » due aux offensives du M23 « appuyées par les RDF » et au « renforcement significatif » de forces étrangères dans l’Est de la RDC. En juin, le Conseil de sécurité exhorta explicitement les RDF à cesser tout soutien au M23 et à « se retirer immédiatement » du territoire congolais — preuve que malgré l’avancée diplomatique, l’occupation et l’ingérence extérieure persistaient.

L’accord n’a en rien modifié le rapport de force : ce sont les positions militaires, les lignes d’approvisionnement et les flux de renforts et de munitions qui déterminent la réalité, bien plus que les principes énoncés à Washington.

Atrocités persistantes et crise humanitaire

Sur le plan des droits humains, les semaines suivant la signature n’ont montré aucune « désescalade tangible ». Bien au contraire : Human Rights Watch a documenté en juillet 2025 le massacre d’au moins 140 civils près du Parc national des Virunga, attribué au « M23 soutenu par le Rwanda ». Début juin, HRW avait déjà signalé l’exécution sommaire d’au moins 21 civils à Goma. Amnesty International a dénoncé un accord qui n’aborde pas de manière crédible les crimes graves commis dans l’Est de la RDC, tout en relevant que des milices pro-gouvernementales congolaises ont également perpétré des atrocités.

Ces preuves convergentes montrent que la signature n’a pas suspendu la spirale de violence. C’est un élément crucial : un accord de paix qui n’entraîne pas rapidement une réduction vérifiable des violences contre les civils perd toute légitimité aux yeux des populations affectées. Dans l’Est, les déplacés se comptent par millions, l’accès humanitaire reste entravé, et les témoignages font état d’intimidations, d’extorsions et de violences. Pendant ce temps, le pillage des minerais vers le Rwanda s’intensifie.

Administration parallèle : le M23 consolide son pouvoir

Si la situation n’évolue pas, c’est aussi parce que le M23 n’agit pas comme une force en retrait, mais comme une autorité en place. Depuis 2024, et davantage encore en 2025, le Groupe d’experts de l’ONU détaille l’édification par le M23 d’une administration parallèle : recensements forcés, « police » autonome, contrôle routier, taxation des biens et, surtout, mainmise sur l’économie minière locale. Des analyses indépendantes confirment cette structuration politico-économique visant à rendre le mouvement auto-financé et à légitimer son autorité.

Le cas emblématique est Rubaya, cœur de la production congolaise de coltan. Les enquêtes onusiennes et journalistiques montrent que la prise de ce site stratégique a permis au M23 d’imposer d’importantes « taxes » aux négociants, générant des centaines de milliers de dollars par mois. En juillet 2025, Reuters a révélé un schéma de contrebande impliquant une société rwandaise achetant du coltan issu de zones contrôlées par les rebelles, alimentant ainsi la machine de guerre. Même si Kigali nie tout soutien au M23, les volumes d’exportation de tantale déclarés par le Rwanda et les routes commerciales identifiées par les experts de l’ONU démontrent une vaste « contamination » des chaînes d’approvisionnement régionales.

Renforts et logistique : la dynamique guerrière continue

L’envoi continu de renforts rwandais en RDC prouve que les lignes de communication et les corridors logistiques demeurent actifs. Les rapports de l’ONU et de la MONUSCO, couvrant les périodes avant et après la signature, mentionnent à répétition l’arrivée de renforts, d’équipements et le maintien d’unités RDF aux côtés du M23. Des documents confidentiels divulgués vont jusqu’à décrire un commandement rwandais sur des opérations tactiques, l’apport d’armes capables de neutraliser des moyens aériens et la présence de plusieurs milliers de soldats RDF sur le sol congolais.

Tant que ces paramètres militaires-logistiques ne sont pas démantelés, un texte de paix, aussi détaillé soit-il, ne peut produire d’effets concrets. Le Conseil de sécurité a d’ailleurs dû réitérer fin juin l’exigence d’un retrait « inconditionnel » des RDF — preuve implicite que la normalisation promise à Washington ne s’est pas traduite par un désengagement vérifiable.

La faille fondamentale : le M23 comme force supplétive du Rwanda

La limite la plus critique de l’accord de Washington réside dans son traitement du M23 comme un acteur indépendant alors que ce groupe dépend entièrement du soutien rwandais. Sans Kigali, il n’y aurait tout simplement pas de M23 comme force combattante efficace. Cette relation de dépendance rend l’approche de l’accord fondamentalement biaisée.

Les preuves sont accablantes : le M23 existe et opère uniquement grâce à l’appui soutenu du Rwanda — équipement militaire, formation, planification stratégique, troupes en renfort. Dans ces conditions, négocier avec le Rwanda tout en traitant le M23 comme une entité distincte revient à entretenir une fiction dangereuse qui permet à Kigali de conserver une dénégation plausible tout en poursuivant sa guerre par procuration.

Cette omission s’ajoute à une faille de séquençage : l’accord suggère des démarches « simultanées » (retrait rwandais / neutralisation des FDLR par l’armée congolaise). Or, de nombreux bastions FDLR se trouvent précisément en zones contrôlées par le M23, hors de portée immédiate des FARDC, rendant la simultanéité inapplicable sans mécanismes coercitifs et garanties sécuritaires solides.

« Paix » et minerais : les ambiguïtés d’un pari économique

L’accord mise sur une logique d’intégration économique, notamment autour des minerais stratégiques (3T et cobalt). L’idée : aligner les intérêts commerciaux pour « sécuriser » l’Est congolais et rendre la paix plus rentable que la guerre. En théorie, ce pari peut créer des incitations positives. En pratique, tant que le M23 entretient une économie politique de guerre — taxes aux barrages, prélèvements sur les sites miniers, circuits de contrebande via les pays voisins —, l’injection de capitaux et la « sécurisation » risquent de légitimer des chaînes d’approvisionnement capturées par des acteurs armés.

Le paradoxe est clair : si l’accord repose principalement sur l’économie, il doit simultanément briser l’économie de guerre. Or, sans désarmement effectif, contrôle des corridors et traçabilité crédible des flux de 3T et d’or, l’économie légale risque d’être siphonnée par des structures parallèles qui refusent de déposer les armes.

Pourquoi parler d’un « acte cosmétique » ?

Qualifier la signature du Rwanda à Washington d’« acte cosmétique » repose sur cinq angles morts :

  1. Absence d’effet sécuritaire immédiat : après le 27 juin, aucune amélioration mesurable de la protection des civils n’a été observée ; au contraire, des massacres ont été documentés en juillet.

  2. Maintien de l’occupation et du soutien externe : la présence RDF et leur soutien opérationnel au M23 restent constatés par l’ONU, nécessitant des résolutions réitérant l’exigence de retrait.

  3. La fiction de l’indépendance du M23 : traité comme autonome alors qu’il est fondamentalement une force supplétive du Rwanda.

  4. Économie de guerre intacte : contrôle des sites (comme Rubaya), taxation des flux, contrebande vers le Rwanda — tant que ces rentes persistent, elles financent l’effort de guerre.

  5. Séquençage inapplicable : simultanéité du retrait RDF et de la neutralisation des FDLR irréalisable tant que les FDLR se trouvent en zones tenues par le M23.

De l’acte cosmétique à l’action concrète : quelles conditions ?

Pour que l’accord cesse d’être perçu comme une façade, cinq conditions minimales sont essentielles :

  • Mécanisme robuste et public de vérification : géolocalisation indépendante des unités RDF et colonnes M23, publication hebdomadaire de cartes, sanctions automatiques en cas de violation.

  • Neutralisation effective des rentes de guerre : blocus douanier, contrôle renforcé aux frontières, certification stricte « mine-to-metal » pour le tantale, l’étain et le tungstène, poursuites contre les sociétés acheteuses de minerais capturés.

  • Intégration supervisée du M23 dans le DDR : désarmement, démobilisation et réintégration conditionnés à des garanties de sécurité.

  • Protection immédiate des civils : zones sécurisées, patrouilles robustes, appui humanitaire — la crédibilité d’un accord se mesure d’abord à la réduction des violations graves.

  • Calendrier de restitution de l’autorité de l’État : retour de l’administration congolaise, réouverture des services publics, réforme de la police territoriale sous contrôle national.

Conclusion et recommandations

La signature par le Rwanda a évité un vide diplomatique et offert un cadre de travail. Mais il s’agit pour l’instant d’un « acte cosmétique » : les forces RDF sont toujours accusées d’opérer en RDC aux côtés du M23, les atrocités se poursuivent, l’administration parallèle s’enracine et les rentes minières financent la guerre.

L’accord sert désormais de « parapluie » protégeant Kigali contre les critiques bilatérales et les sanctions, donnant l’illusion d’une coopération rwandaise alors que la guerre par procuration continue. Voilà pourquoi il est cosmétique : il permet au Rwanda de paraître conforme tout en maintenant son contrôle opérationnel total sur le M23.

La communauté internationale ne peut donc se limiter à applaudir la signature : elle doit assurer l’application stricte de la dernière résolution du Conseil de sécurité exigeant le retrait immédiat, total et inconditionnel des troupes rwandaises du territoire congolais. À défaut, les discours de Washington ne produiront que désillusion et méfiance parmi les populations du Kivu.

Dans ce contexte, une mesure coercitive devient incontournable : l’instauration d’un embargo sur les armes contre le Rwanda. Tant que Kigali bénéficie d’un flux d’armes lui permettant de soutenir directement ou indirectement le M23, les résolutions resteront théoriques. L’embargo constituerait non seulement un signal politique clair, mais aussi un instrument concret pour assécher la capacité d’ingérence militaire.

Seule une combinaison de diplomatie, de sanctions effectives et de mécanismes de vérification intrusifs peut transformer l’acte cosmétique de Washington en un processus de paix crédible et durable pour les populations du Kivu.


Références

  • Département d’État des États-Unis – « Accord de paix entre la RDC et le Rwanda » (texte intégral, 27 juin 2025) et note de mise en œuvre économique (1er août 2025)

  • Reuters – Couverture de la signature : composante « sécurisation » des chaînes d’approvisionnement minérales (27 juin 2025)

  • USIP – « Ce que signifie l’accord de paix RDC–Rwanda… » (analyse, 3 juillet 2025)

  • Ebuteli – « Paix sur papier, confusion sur le terrain » (27 juin 2025)

  • Observatoire Boutros-Ghali – Analyse des contraintes de simultanéité (15 juillet 2025)

  • Nations Unies / Conseil de sécurité – Rapports du Groupe d’experts et documents officiels : S/2024/969 (27 déc. 2024), S/2025/176 (20 mars 2025), S/2025/202 (1er avril 2025), S/2025/324 (2 juin 2025), résolutions associées

  • Reuters – « Le Rwanda exerce un commandement et contrôle sur le M23 » (2 juillet 2025)

  • Human Rights Watch – Rapports sur exécutions/massacres (3 juin 2025 ; 20 août 2025)

  • Amnesty International – « L’accord de paix n’aborde pas les crimes graves » (1er juillet 2025)

  • Reuters / enquêtes minières – Contrebande de coltan, société rwandaise citée (3 juillet 2025)

  • Analyses complémentaires – ISPI (administration parallèle), Security Council Report (contexte humanitaire et politique), Understanding War (violations de cessez-le-feu)


Préparé par :
Sam Nkumi, Chris Thomson & Gilberte Bienvenue
Alliance des Droits Africains

The DRC-Rwanda Peace Agreement: From Diplomatic Promise to Ground Reality

Executive Summary

The 27 June 2025 peace agreement between the Democratic Republic of Congo (DRC) and Rwanda, signed in Washington, was heralded as a historic breakthrough. However, two months later, the accord appears to function more as diplomatic theatre than substantive conflict resolution. While the agreement established frameworks for territorial integrity and economic cooperation, military realities on the ground remain unchanged, civilian casualties continue, and the M23 rebel group has consolidated its administrative control over occupied territories.

A "Historic" Agreement on Paper

On  27 June  2025, the DRC and Rwanda signed what was presented as a major breakthrough towards ending hostilities in the eastern DRC. The agreement, made public by the U.S. State Department, outlined commitments to territorial integrity, cessation of support to armed groups, and the establishment of joint mechanisms including supply chain "de-risking" for minerals and cross-border value chain development in partnership with the United States and American investors.

Washington subsequently announced a regional economic framework for the Great Lakes region, designed as a complement to implement the agreement. Diplomatically, the initiative was praised as a "first step" that could open a window for de-escalation.

However, analysts immediately identified significant obstacles: a fragmented war involving over one hundred armed groups (the strongest created and supported by Rwanda), limited inclusion of ground-level actors, and heavy dependence on still-theoretical economic incentives. Congolese observers captured the ambivalence with a telling phrase: "peace on paper, confusion on the ground."

Military Reality Unchanged in the Kivus

While diplomats signed documents in Washington, military maps barely shifted. Successive UN reports (Expert Group reports, Security Council briefings, Secretary-General reports on MONUSCO) document the continued presence and direct support of the Rwanda Defence Forces (RDF): operational planning, provision of sophisticated weapons, command and control, and deployment of several thousand soldiers inside Congolese territory.

In March 2025, MONUSCO reported a "drastic deterioration" due to renewed M23 offensives "supported by the RDF" and "significant reinforcement" of foreign forces in eastern DRC. In June, the Security Council explicitly urged the RDF to cease all support to M23 and "immediately withdraw" from Congolese territory—a clear indication that despite diplomatic progress, occupation and external support persisted.

The agreement alone did not alter the balance of forces. Ground realities—positions held, supply lines, flows of reinforcements and ammunition—remained determinative, far more than the principles negotiated in Washington.

Continued Atrocities and Humanitarian Crisis

Regarding human rights, the weeks following the signature brought no "tangible de-escalation." On the contrary, Human Rights Watch documented civilian massacres in July 2025, with at least 140 people executed near Virunga National Park, attributed to the "Rwanda-backed M23." In early June, HRW had already reported summary executions of at least 21 civilians in Goma. Amnesty International criticised an agreement that fails to credibly address serious crimes committed in eastern DRC, whilst noting that pro-government Congolese militias have also committed atrocities.

This convergent evidence shows that the signing did not suspend the spiral of violence. This is crucial: a peace agreement that does not quickly and verifiably reduce violence against civilians loses legitimacy in the eyes of affected populations. In the east, displacements number in the millions, humanitarian access remains obstructed, and testimonies report intimidation, extortion, and violence. Meanwhile, mineral pillaging towards Rwanda intensifies.

Parallel Administration: M23 Consolidates Control

One reason the situation remains unchanged is that M23 does not behave like a force in retreat, but as a power in place. Since 2024, and with greater scope in 2025, the UN Expert Group has detailed M23's establishment of parallel administration in controlled zones: forced censuses, proprietary "police," road control, goods taxation, and especially control over the local mining economy. Independent analyses confirm this politico-economic structuring, which aims to make the movement self-financed and legitimise its authority.

The emblematic case is Rubaya, the heart of Congolese coltan production. The UN and journalistic investigations describe how capturing this strategic site allowed M23 to impose substantial "taxes" on traders, generating hundreds of thousands of dollars monthly. Reuters revealed in July 2025 a smuggling scheme involving a Rwandan company buying coltan from rebel-controlled zones, fueling the war machine. Even when Kigali denies all support to M23, the volumes of tantalum exports declared by Rwanda and commercial routes identified by UN experts point to massive "contamination" of regional supply chains.

Reinforcements and Logistics: The War Dynamic Persists

The continued sending of reinforcements by Rwanda to the DRC demonstrates that communication lines and logistical corridors remain open and active. UN and MONUSCO reports covering periods before and after the signing repeatedly mention reinforcements, equipment influx, and maintenance of RDF units operating alongside M23. Leaked confidential reports even mention Rwandan command levels over tactical operations, provision of weapons capable of neutralizing aerial assets, and RDF personnel numbering several thousand on Congolese soil.

As long as these military-logistical parameters are not dismantled, a peace text—however detailed—cannot produce concrete effects. The Security Council had to reiterate in late June the requirement for "unconditional" RDF withdrawal. Again, this post-agreement injunction is an implicit admission: the normalization promised in Washington did not translate into verifiable disengagement.

The Fundamental Flaw: M23 as Rwanda's Proxy Force

The most critical structural limitation of the Washington agreement lies in its treatment of M23 as an independent actor when, in reality, the group is entirely dependent on Rwandan support. Without Rwanda, there would simply be no M23 as an effective fighting force. This dependency relationship makes the agreement's approach fundamentally flawed.

The evidence is overwhelming: M23 exists and operates solely because of sustained Rwandan backing. From military equipment and training to strategic planning and direct troop support, Rwanda provides the essential infrastructure that keeps M23 operational. Under these circumstances, negotiating with Rwanda while treating M23 as a separate entity creates a dangerous fiction that allows Kigali to maintain plausible deniability while continuing its proxy war.

This omission compounds a sequencing flaw: the agreement suggests "simultaneous" approaches (Rwandan withdrawal / FDLR neutralization by the Congolese army). However, as observers noted, many FDLR strongholds are precisely under M23 control, beyond immediate operational reach of the FARDC, making simultaneity very difficult to apply without coercive mechanisms and robust security guarantees.

"Peace" and Minerals: The Ambiguities of an Economic Gamble

The agreement centers on economic integration logic, particularly around strategic minerals (3T and cobalt). The idea: align commercial interests to "secure" eastern DRC and make peace more profitable than war. In theory, this gamble can create positive incentives. In practice, as long as M23 manages a political economy of war—taxes at control points, mining site levies, smuggling circuits via neighboring countries—capital injection and "de-risking" may inadvertently legitimize supply chains captured by armed actors. Analyses highlight the eagerness of certain companies to position themselves on Congolese assets before security materialization, fueling perceptions of peace "serving" mineral access.

The paradox is clear: if the agreement relies primarily on economics, it must simultaneously break the war economy. However, without effective disarmament, corridor control, and credible traceability of 3T and gold flows, the legal economy risks being siphoned by parallel structures that do not lay down arms.

Why Call This a "Cosmetic Act"?

Characterizing Rwanda's Washington signature as a "cosmetic act" points to five blind spots:

1. Absence of Immediate Security Effect

After June 27, no measurable improvement in civilian protection was observed; conversely, massacres were documented in July. A peace agreement that does not interrupt the atrocity cycle—summary executions, sexual violence, mass displacement—remains declaratory.

2. Maintaining Occupation and External Support

RDF presence and operational support to M23 remain a repeated UN finding, necessitating a resolution reiterating withdrawal requirements. As long as these parameters persist, speaking of "de-escalation" is illusory.

3. The Fiction of M23 Independence

The agreement treats M23 as an autonomous actor when it is fundamentally Rwanda's proxy force. This fiction allows Rwanda to sign peace agreements while maintaining its proxy war through M23. Since M23 cannot exist without Rwandan support, any meaningful peace process must directly address Rwanda's control over the group rather than pretending M23 operates independently.

4. Intact War Economy

Control of sites (like Rubaya), flow taxation, structured smuggling toward Rwanda—as long as these rents persist, they finance the war effort and make peace "unprofitable" for armed actors.

5. Inapplicable Sequencing

The simultaneity of "RDF withdrawal / FDLR neutralization" is impractical if FDLR are implanted in M23 territories, inaccessible to FARDC without robust and verifiable security agreements.

From Cosmetic to Concrete: What Would It Take?

For the agreement to cease being perceived as window dressing, five minimum conditions are essential:

Robust and Public Verification Mechanism

Independent geolocation of RDF units and M23 columns, weekly publication of position maps, and automatic sanctions for breaches (asset freezes, travel restrictions, targeted embargoes). Security Council resolutions and Expert Group mandates provide a foundation, but execution and transparency remain key.

Effective Neutralization of War Rents

Customs blockade of corridors, reinforced border post controls, strict "mine-to-metal" certification for tantalum, tin, and tungsten, and prosecution of companies involved in purchasing "captured" minerals. Recent revelations about Rwandan exporters highlight the need to act on commercial, not just military, links.

Supervised M23 Inclusion in DDR Sequence

Disarmament, demobilization, and reintegration conditioned on security guarantees, without which parallel administration will persist. Parallel mediations (Qatar, regional) should be articulated to the Washington framework with verifiable public milestones.

Immediate Civilian Protection

Security zones, robust patrols, and humanitarian actor support. An agreement's credibility is measured first by the reduction of serious violations, not by announcements of new economic councils.

Withdrawal and State Authority Restitution Schedule

Return of Congolese administration, reopening of public services, local taxation cleanup, and territorial police refoundation under national control. Without this, the "double state" will remain the norm in the east.

Conclusion and Recommendations

Rwanda's signature of the Washington agreement avoided a political diplomatic vacuum and offered a working framework. However, it currently resembles primarily a "cosmetic act": RDF forces are still accused of operating in Congolese territory alongside M23, atrocities continue, parallel administration takes root, and mineral rents finance the war effort.

The agreement has become an "umbrella" providing Rwanda protection against bilateral criticism and sanctions, creating the false impression that Rwanda cooperates for conflict resolution while it continues its proxy war through M23. This is the essence of why the agreement is cosmetic: it allows Rwanda to appear compliant while maintaining complete operational control over M23.

The international community cannot therefore limit itself to applauding an agreement's signature; it must ensure strict application of the latest Security Council resolution demanding immediate, total, and unconditional withdrawal of Rwandan troops from Congolese territory. Failing this, Washington's fine speeches will produce only disappointment and mistrust among Kivu populations.

In this context, a coercive measure becomes unavoidable: establishing an arms embargo against Rwanda. As long as Kigali continues to benefit from weapons flows allowing it to directly or indirectly support M23, resolutions will remain theoretical. The embargo would constitute not only a clear political signal but also a concrete instrument to dry up military interference capacity.

Only a combination of diplomacy, effective sanctions, and intrusive verification mechanisms can transform Washington's cosmetic act into a credible and sustainable peace process for Kivu populations.


References

  • U.S. State Department – "Peace Agreement between DRC and Rwanda" (full text, June 27, 2025) and economic implementation note (August 1, 2025)
  • Reuters – Signing coverage: mineral supply chain "de-risking" component (June 27, 2025)
  • USIP – "What the DRC-Rwanda Peace Deal Means..." (analysis, July 3, 2025)
  • Ebuteli – "Peace on paper, confusion on the ground" (June 27, 2025)
  • Boutros-Ghali Observatory – Analysis of simultaneity constraints (July 15, 2025)
  • United Nations / Security Council – Expert Group reports and official documents: S/2024/969 (Dec. 27, 2024), S/2025/176 (March 20, 2025), S/2025/202 (April 1, 2025), S/2025/324 (June 2, 2025), associated resolutions
  • Reuters – "Rwanda exercises command and control over M23" (July 2, 2025)
  • Human Rights Watch – Reports on executions/massacres (June 3, 2025; August 20, 2025)
  • Amnesty International – "Peace agreement does not address serious crimes" (July 1, 2025)
  • Reuters / Mining investigations – Coltan smuggling, Rwandan company cited (July 3, 2025)
  • Supplementary analyses – ISPI (parallel administration), Security Council Report (humanitarian and political context), Understanding War (ceasefire violations)

 Prepared par :

Sam Nkumi, Chris Thomson & Gilberte  Bienvenue

African Rights Alliance