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Wednesday, 20 August 2025

Le Rwanda utilise le M23 et les négociations de Doha comme tactiques dilatoires avant la signature finale à Washington

Le Rwanda utilise le M23 et les négociations de Doha comme tactiques dilatoires avant la signature finale à Washington

Washington : une trêve diplomatique face à une guerre bien réelle

Le 27 juin 2025, un accord de paix a été signé à Washington entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, sous l’égide des États-Unis. Présenté comme une avancée historique, ce texte prévoit le retrait des troupes rwandaises, la neutralisation des FDLR, la protection des civils et le respect de la souveraineté congolaise.

Donald Trump, actuel président des États-Unis, n’a pas hésité à présenter cet accord comme la preuve qu’il avait “apporté la paix” au Congo. Pourtant, sur le terrain, rien n’a changé : les combats continuent, le M23 maintient ses positions et les civils continuent de mourir.

Doha : des négociations pour gagner du temps

Depuis mi-2025, le Qatar accueille des négociations entre le gouvernement congolais et le M23, donnant lieu en juillet à une “Déclaration de principes” censée ouvrir la voie à un cessez-le-feu et à des échanges de prisonniers (AP).

Mais ces pourparlers piétinent. Comme le rapporte Reuters (source), les échéances ne sont pas respectées et le M23 continue ses offensives. Pour de nombreux analystes, Doha n’est qu’un instrument tactique : il permet au Rwanda, en coulisses, de maintenir le conflit sous tension tout en retardant la mise en œuvre réelle de l’accord de Washington.

Le M23 : un paravent pour Kigali

Le M23, officiellement une rébellion congolaise, est depuis longtemps considéré par les Nations unies et plusieurs ONG comme un proxy du Rwanda. Ses combattants disposent d’armements sophistiqués et d’un encadrement militaire qui ne peut venir que de Kigali.

En août 2025, Human Rights Watch a documenté des massacres d’au moins 140 civils commis par le M23, essentiellement contre des populations hutues dans le Nord-Kivu (Reuters). Ces tueries viennent s’ajouter à une longue liste d’atrocités, comme le massacre de Kishishe en 2022.

Derrière le masque du M23, c’est bien le Rwanda qui mène une guerre par procuration pour sécuriser des zones stratégiques riches en minerais et affaiblir la souveraineté congolaise.

La stratégie de Kigali : vers une balkanisation déguisée

Les observateurs de la région estiment que Kigali cherche à maintenir un état de chaos contrôlé dans l’Est du Congo. En gardant le M23 actif, tout en s’affichant dans des négociations internationales, le Rwanda se donne l’image d’un acteur “raisonnable” alors qu’il poursuit un objectif de long terme :

  • Contrôle indirect des territoires congolais via des groupes armés.
  • Exploitation des ressources (coltan, or, cassitérite) exportées illégalement à travers le Rwanda.
  • Affaiblissement durable de l’État congolais, ouvrant la voie à une fragmentation territoriale.

Beaucoup y voient les signes d’une balkanisation progressive de la RDC, sous couvert de paix.

Une crise humanitaire hors de contrôle

Derrière les tractations diplomatiques, la population paie un lourd tribut. Selon les Nations unies, plus de 7 millions de personnes sont déplacées internes en RDC, principalement dans le Nord-Kivu et l’Ituri – l’un des chiffres les plus élevés au monde.

Les civils vivent dans des camps surpeuplés autour de Goma, sans accès suffisant à l’eau, à la nourriture et aux soins. Dans les zones contrôlées par le M23, la population est soumise à des taxes illégales, à des violences sexuelles et à des exécutions sommaires.

Pour Human Rights Watch, il ne fait aucun doute : les crimes commis par le M23 et ses soutiens rwandais doivent faire l’objet d’enquêtes internationales et de sanctions ciblées.

Les limites de l’accord de Washington

L’accord de Washington, bien qu’ambitieux sur le papier, présente plusieurs faiblesses majeures :

  • Pas de calendrier contraignant : le retrait des troupes rwandaises reste théorique, sans mécanismes de vérification.
  • Narratif biaisé : l’accent est mis sur la neutralisation du FDLR, un groupe aujourd’hui résiduel, tandis que le rôle central du Rwanda est minimisé.
  • Aucune sanction prévue en cas de violation des engagements.
  • Risque de cogestion : en cherchant à intégrer le M23 dans un processus politique, l’accord pourrait légitimer une présence armée étrangère sur le sol congolais.

Autrement dit, l’accord offre une façade diplomatique mais laisse le champ libre à Kigali pour poursuivre ses objectifs.

Trump et la paix illusoire

En proclamant qu’il a “apporté la paix en RDC”, Donald Trump occulte la réalité des violences et offre une couverture politique au Rwanda. Ce discours a trois conséquences :

  1. Il efface les victimes : leurs souffrances sont minimisées au nom d’une paix de façade.
  2. Il renforce l’impunité de Kigali : en présentant le Rwanda comme un partenaire de paix, il masque son rôle d’agresseur.
  3. Il fragilise Kinshasa : la diplomatie congolaise se retrouve isolée, face à un narratif international qui considère le conflit comme réglé.

Vers une paix réelle ou un théâtre diplomatique ?

Pour qu’une paix durable s’installe, il ne suffit pas de signer des accords : il faut des actes concrets. Cela implique :

  • Le retrait effectif et vérifiable des troupes rwandaises.
  • La démobilisation du M23 et la poursuite de ses dirigeants pour crimes de guerre.
  • La protection des civils et une réponse humanitaire d’urgence.
  • Des sanctions internationales contre les responsables de l’agression.

Sans cela, l’accord de Washington risque de n’être qu’un mirage diplomatique, une étape de plus dans une longue série de fausses promesses de paix.

Preparé par :

Sam Nkumi &  Gilberte  Bienvenue

African  Rights Alliance

 


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