Pages

Thursday, 21 August 2025

Non au fédéralisme imposé : Défendons l’unité du Congo !

Le piège contre Tshisekedi : fédéralisme imposé, Conférence nationale et le spectre d’Arusha

Depuis 2019, Félix Tshisekedi occupe la magistrature suprême de la République démocratique du Congo (RDC). Sa mission est aussi lourde qu’historique : gouverner un pays immense, doté de ressources colossales mais fragilisé par des décennies de conflits et d’ingérences étrangères. Or, à mesure que son mandat avance, une idée revient avec insistance : instaurer un fédéralisme institutionnel.

Certains le présentent comme la clé d’une meilleure gestion des diversités locales. Mais pour d’autres, c’est un piège soigneusement orchestré, aussi bien par des forces internes que par des puissances extérieures, destiné à affaiblir l’État, marginaliser Tshisekedi et ouvrir la voie à la balkanisation du pays.

Cette stratégie rappelle étrangement le précédent rwandais des années 1990, où le président Juvénal Habyarimana, pris au piège des Accords d’Arusha, conserva son titre mais perdit la substance du pouvoir. Une tragédie qui aboutit à son assassinat et à la victoire du Front patriotique rwandais (FPR).

Le spectre d’un tel scénario plane aujourd’hui sur la RDC.

1. Le précédent rwandais : Arusha, un trône sans sceptre

En 1990, le Rwanda entre en guerre civile suite à l’invasion du FPR depuis l’Ouganda. Sous pressions militaires et diplomatiques, le président Habyarimana accepte de négocier. Les Accords d’Arusha (1993) prévoyaient :

  • La reconnaissance d’Habyarimana comme président de transition.
  • L’intégration du FPR dans l’armée et le gouvernement.
  • Un partage du pouvoir institutionnel.

En apparence, Habyarimana sauvegardait son titre. Mais en réalité, il cédait l’essence du pouvoir : l’armée, les institutions et le contrôle territorial. Pendant que le gouvernement se perdait dans les négociations, le FPR consolidait son implantation, continuait ses infiltrations et préparait sa victoire finale.

Le mécanisme était simple : laisser au président le symbole, mais lui ôter la substance. La suite est connue : l’attentat contre l’avion présidentiel en 1994 marqua sa chute brutale et l’ascension définitive du FPR.

De même, adopter le fédéralisme en RDC ne mettra pas fin aux guerres de l’Est. Comme le FPR hier, le M23 — appuyé par Kigali — poursuivra son agenda jusqu’à obtenir un contrôle total du Kivu.

2. Le spectre du fédéralisme en RDC

Le Congo n’est pas étranger aux tensions séparatistes. Dès 1960, le Katanga et le Sud-Kasaï avaient tenté de faire sécession. Mobutu, conscient du risque de dislocation, imposa un hyper-centralisme autoritaire pour maintenir l’unité.

La Constitution de 2006 a introduit la décentralisation, mais son application reste incomplète, faute de moyens et de volonté politique. Aujourd’hui, certains leaders provinciaux réclament un pas supplémentaire vers le fédéralisme — en particulier dans les régions riches en ressources.

Mais derrière l’argument séduisant de l’autonomie se cache un risque de balkanisation. Dans un pays entouré de voisins hostiles (Rwanda, Ouganda), où les ingérences sont constantes, un fédéralisme mal conçu pourrait vite transformer la RDC en une mosaïque de mini-États, chacun sous la coupe d’intérêts étrangers.

3. Le piège de la Conférence nationale

Un scénario redouté serait la convocation d’une Conférence nationale ou d’un « dialogue inclusif ». Tshisekedi pourrait y être reconnu président légitime, mais à un prix : accepter le fédéralisme.

Le risque est identique à celui d’Arusha : Tshisekedi garderait le titre de président, mais le pouvoir réel basculerait vers les provinces — dont certaines sous occupation ou influence étrangère.

La Conférence nationale, loin d’être un espace démocratique, pourrait alors devenir un marchandage fatal où l’unité nationale se sacrifierait sur l’autel de réformes imposées de l’extérieur.

4. Kagame, le M23 et le fédéralisme comme cheval de Troie

Depuis 2021, le M23 — soutenu par Kigali — occupe des zones entières du Nord-Kivu. Officiellement, ses revendications concernent la protection des Tutsi congolais. En réalité, son but stratégique est clair : garantir au Rwanda un accès direct et durable aux minerais congolais (coltan, or, cassitérite).

Dans ce contexte, le fédéralisme devient une arme politique. Kigali pourrait obtenir que les zones occupées soient transformées en entités fédérées, dotées d’une large autonomie. Ce serait l’étape vers une sécession légalisée et un État satellite contrôlé par Kigali.

Autrement dit, le fédéralisme serait un cheval de Troie juridique : légitimer par le droit ce que le M23 a conquis par les armes.

5. Pourquoi le fédéralisme imposé est un danger mortel

Les risques sont multiples :

1.   Fragmentation territoriale : la RDC se transformerait en confédération de provinces fragiles.

2.   Sécessions facilitées : certaines entités pourraient proclamer l’indépendance avec le soutien d’États voisins.

3.   Institutionnalisation de l’occupation : les zones tenues par le M23 deviendraient autonomes de facto.

4.   Pénétration étrangère accrue : Rwanda, Ouganda et multinationales contrôlant directement les provinces riches en minerais.

5.   Marginalisation présidentielle : Tshisekedi garderait la fonction symbolique, mais perdrait tout pouvoir réel.

6.   Illusion de paix : comme au Rwanda, un compromis institutionnel ne mettrait pas fin à la guerre, il ne ferait que la reporter.

6. Les leçons de l’histoire

Le Rwanda des années 1990 avertit le Congo d’un danger imminent : un président qui accepte une réforme imposée pour conserver son titre prépare sa propre chute et la désintégration de son pays.

Habyarimana a commis cette erreur. Tshisekedi ne doit pas la répéter.

7. Quelle voie pour le Congo ?

Le débat sur le fédéralisme ne doit pas être interdit, mais il doit obéir à trois règles :

1.   Origine interne : il doit venir des Congolais, pas être imposé par Kigali, Kampala ou des bailleurs internationaux.

2.   Paix avant réforme : aucune réorganisation territoriale ne peut être dictée par les armes du M23.

3.   Processus constitutionnel : toute réforme doit suivre les procédures prévues, être débattue nationalement et validée par référendum.

4.   Solutions congolaises : le M23 ou toute force armée ne peut prétendre représenter la nation entière.

Conclusion : Éviter un « Arusha congolais »

L’ombre d’Arusha plane sur Kinshasa. Le piège est clair : offrir à Tshisekedi le fauteuil présidentiel, mais en échange d’un fédéralisme imposé qui viderait la présidence de son pouvoir et livrerait le Congo aux forces extérieures.

Derrière les beaux discours sur l’autonomie, se cache une stratégie cynique : légitimer la balkanisation de la RDC.

L’histoire rwandaise est un miroir. Tshisekedi doit y voir le reflet des risques qui guettent le Congo. L’unité nationale ne peut être sacrifiée au profit de solutions dictées par l’étranger.

Le Congo doit rester vigilant et dire haut et fort :
« Non au fédéralisme imposé. Oui à une unité nationale pensée par les Congolais et pour les Congolais. »

Top of Form

Bottom of Form

 Prepared par :

Sam Nkumi, Chris Thomson & Gilberte  Bienvenue

African Rights Alliance


No comments:

Post a Comment